La patience des traces – Jeanne Benameur

Éditeur : Actes Sud (05/01/2022) – 208 pages

Un voyage spirituel comme un baume apaisant et réparateur.

Simon, psychanalyste très à l’écoute de ses patients, n’est pas très à l’aise avec sa propre histoire. Un bol bleu brisé ouvre une brèche dans son quotidien et la possibilité de partir en quête de sa propre liberté. Un lent et patient périple intérieur et un vrai départ – lui si casanier- pour le lointain Japon et ses rituels ancestraux. Dans les îles de Yaeyama, hébergé par un vieux couple protecteur, simple et chaleureux, Simon troque son travail sur les mots pour les silences qui disent les amours perdues et les amitiés blessées. Madame Itô est collectionneuse de magnifiques tissus bingata anciens. Son discret mari pratique l’art du kintsugi, il répare les poteries brisées en recouvrant de poudre d’or les jointures mettant en évidence les imperfections maintenant sublimées.

Jeanne Benameur nous offre un lumineux roman, délicat et poétique, envoûtant. Elle nous entraîne d’une plume douce et sensuelle dans un monde intemporel et minimaliste propice au recueillement. Là, nos blessures intimes, nos failles seront non seulement réparées mais aussi magnifiées. Si l’écriture est légère, le texte est profond, correspondances et polysémies nous guident sur la pointe des pieds vers l’allégorie du périple de Simon et la symbolique de l’eau omniprésente.

Un beau titre évocateur. Une lecture précieuse à savourer. Une pause. Une grande inspiration. Une invitation à arrêter le temps, toucher, sentir, regarder, écouter.

Et l’envie retrouvée d’alimenter mon blog, trop longtemps délaissé, pour partager mon plaisir de lecture.

« Il est libre. Presque. C’est dans le « presque » que tout se joue. Toujours. »

« Il aime la trace du petit doigt sur la feuille de son carnet. Il ne l’effacera pas. Il l’entoure d’une ligne fine. L’intrusion de cette petite empreinte dans son monde est un bon signe. C’est le jour de la raie manta et de la trace d’une enfant sur la page. C’est le butin de la journée.

« On est heureux de redonner vie à ce qui était voué à l’anéantissement. On marque l’empreinte de la brisure. On la montre. Une nouvelle vie commence. »

Mon Katulu de février

LA CUILLERE -DANY HERICOURT – LIANA LEVI (09/09/2021)

Seren, jeune Galloise de tout juste 18 ans, est confrontée à la mort brutale de son père. A son chevet, elle découvre une cuillère d’argent ouvragée dont elle ignore la provenance et portant les initiales B.B. Le temps d’un été, au volant de la vieille Volvo familiale, au gré des routes de Bourgogne, au fil des rencontres et des découvertes, elle tente de retracer l’histoire de cette cuillère qui l’obsède jusqu’à dénicher une part du passé de son père.

Un premier roman facétieux, fantaisiste, délicat et tendre qui prend des chemins de traverse pour évoquer le deuil, la famille, le passage à l’âge adulte. Un livre qui m’attendait depuis un certain temps déjà mais dont le titre ne m’inspirait guère. J’avais tort, c’est un vrai coup de cœur !

CONNEMARA – NICOLAS MATHIEU – ACTES SUD (02/02/2022)

Connemara c’est l’histoire de deux personnages au mitan de leur vie : Hélène, belles études, belle carrière, beau mariage, beaux enfants et Christophe, un ancien camarade de lycée qui semble avoir tout raté. Lui, c’est un gagne-petit, il n’a jamais réussi à quitter sa Lorraine natale, privilégiant la fête et les copains à ses ambitions et à son mariage. Pourtant tandis qu’Hélène remâche ses déceptions, son sentiment d’une vie gâchée, Christophe lui n’a pas perdu tout espoir. A deux, ils vont tenter une autre vie, une autre chance, un autre amour.

Dans la lignée de Leurs enfants après eux Nicolas Mathieu distille d’une écriture à fleur de peau ses thèmes récurrents : le temps qui passe, l’adolescence et ses fulgurances, les complexes de classe, la réussite sociale. Le tout ancré dans le Grand Est, entre Nancy et Épinal. Connemara saisit avec acuité, sans manichéisme et avec beaucoup d’humanité, les fractures sociales de l’époque.

Une intrigue minimaliste, un récit lent, sombre bien qu’émaillé de quelques touches d’espoir, une fresque sociale et politique, un style somptueux. Quel plaisir de retrouver Nicolas Mathieu !

LE LAC DE NULLE PART – PETE FROMM – GALLMEISTER (06/01/2022)

Trig et Al, frère et sœur jumeaux, entretiennent avec leur père des relations distendues. Pourtant le voilà qui se rappelle à leur souvenir et les convie à « une dernière aventure », telle celles qu’ils partageaient autrefois dans une belle complicité. Intrigués, les jumeaux relèvent le défi périlleux de sillonner en autarcie complète les lacs du Canada et ce malgré l’hiver qui s’annonce. Froid glacial et neige pourraient bien perturber ces retrouvailles inattendues. S’il ne s’agissait que de cela !

Le périple se déroule au sein d’une nature sauvage, âpre et magnifique. Le trio retrouve les joies des concours de pêche, du bivouac du soir autour du feu, du rituel de la petite goutte et même celle du joint partagé. Pourtant, de lac en lac, de coup de pagaie en coup de pagaie, cette virée familiale prend peu à peu un caractère sombre et inquiétant, la tension monte, l’inavouable se dévoile.

L’auteur dans un mélange de tendresse et d’humour interroge les relations singulières qui unissent les jumeaux, il raconte la déchéance physique et morale d’un père. Pete Fromm nous livre un roman magistral, un drame familial captivant jusqu’à la dernière page.

DIX ÂMES PAS PLUS – RAGNAR JONASSON LA MARTINIERE (14/01/2022)

Una, jeune femme n’arrivant plus à joindre les deux bouts, se résigne à quitter Reykjavik et à accepter un poste d’enseignante à Skàlar, minuscule village islandais hors du monde et hors du temps. Les débuts semblent moins difficiles qu’elle ne l’imaginait malgré le vertigineux isolement. La communauté comprenant dix habitants l’accueille de façon réservée mais pas hostile, un logement agréable est mis à sa disposition et ses deux élèves ne posent pas de problèmes. Au fil des jours pourtant, elle est le témoin de phénomènes étranges et se trouve en butte à l’animosité progressive des habitants. Bientôt, une mort brutale survient. La jeune femme sombre alors graduellement dans un profond désarroi avant de renouer avec la vie. Il faudra attendre l’épilogue pour que toutes les pièces du puzzle trouvent leur place.

L’auteur sait à merveille faire monter la tension, distiller l’angoisse et rendre palpable le climat obsédant qui caractérise le petit hameau perdu.

MALAMUTE -JEAN-PAUL DIDIERLAURENT – AU DIABLE VAUVERT (11/03/2021)

Le vieux Germain vit seul, bougon mais heureux dans une ferme isolée au cœur des Vosges. C’était sans compter sa fille qui lui impose de passer l’hiver avec Basile, un lointain neveu, qui vient faire la saison de damage dans la station. Dans la ferme voisine, qui abritait autrefois un élevage de malamutes, s’est installée une jeune femme froide et distante. Elle aussi conduit des engins de damage et cela mieux que les hommes ! Bientôt le village est isolé par une terrible tempête de neige qui semble ne jamais vouloir s’achever. Les jours puis les semaines passent, la neige s’amoncelle, les rancœurs aussi…

Plusieurs récits et plusieurs époques s’entremêlent pour mieux tisser l’histoire, une histoire avec ses zones d’ombre, ses lourds secrets, ses blessures encore vives, ses émotions retenues, ses personnages truculents. L’auteur brosse avec talent l’atmosphère oppressante de ce huis-clos montagnard. Malamute est un conte moderne plein de mystères et de poésie qui enchante le lecteur.

PETITES BOITES – YOKO OGAWA – ACTES SUD (02/02/2022)

La narratrice vit dans une ancienne école maternelle. Tout y est petit, au format des enfants qui la fréquentaient autrefois. Elle s’adapte sans problème à cet univers miniature. En ces lieux se trouve un auditorium où sont recueillies d’étranges petites boîtes de verre. Elles sont le réceptacle de souvenirs d’enfants morts. Parfois, postée sur la colline, elle observe des inconnus qui, elle le sait, écoutent en pleine nature, une musique inaudible par tout autre qu’eux-mêmes, profitant de « concerts de soi à soi ».

D’une belle écriture mélancolique, sensible et poétique Yôko Ogawa crée de subtiles images oniriques afin nous conter l’importance de la mémoire et la peur de l’oubli.

J’aurais tant voulu aimé cet étrange roman dont j’apprécie habituellement beaucoup l’auteure mais cette lecture m’a laissée déçue et me procurant même un certain malaise.

Mon Katulu de janvier

AU PRINTEMPS DES MONSTRES – PHILIPPE JAENADA – MIALET BARRAULT (18/08/2021)

Difficile de résumer ces 752 pages ! Philippe Jaenada s’inspire d’un fait divers qui a défrayé la chronique en 1964. Un jeune garçon de onze ans, Luc Taron, est enlevé un soir de printemps à Paris, son corps est retrouvé le lendemain matin dans le bois de Verrière dans l’Essonne. Un jeune homme ordinaire, infirmier, avoue le meurtre. Je suis de la graine qui pousse au printemps des monstres déclare-t-il dans un de ses courriers. Puis il se rétracte dans une brusque volte-face.

Comme dans son précédent ouvrage, La serpe, l’auteur reprend méticuleusement l’enquête, s’attache successivement à chaque protagoniste (et ils sont nombreux !), analyse minutieusement comportements, témoignages, documents d’archives, pointe failles, incohérences, invraisemblances n’hésitant pas à se rendre dans les différents endroits en rapport avec ses investigations. Il s’attelle ainsi à une tâche titanesque dont il s’acquitte brillamment, autopsiant autant une époque qu’un fait divers. Philippe Jaenada n’hésite pas à émailler son propos de nombreuses digressions (son péché mignon) empreintes d’une certaine dérision : remarques, réflexions, parenthèses dans les parenthèses (si, si…) et même moments où il se met hardiment en scène, elles nous permettent pour un temps d’échapper à une atmosphère pesante, une noirceur vertigineuse.

Je me suis un peu enlisée dans la lecture de ce pavé qui m’a demandé un effort et un temps inhabituels pour en venir à bout. J’ai éprouvé parfois une certaine lassitude mais paradoxalement je tenais à achever ce roman, sensible à l’énorme investissement de l’auteur, à son style inimitable, à cette plongée dans les eaux troubles des années soixante. Bref, un récit à la sauce Jaenada touffu, foisonnant et finalement envoûtant !

CHOSES QUI RENDENT HEUREUX ET AUTRES NOTES DE CHEVET – SEI SHONAGON – FOLIO (07/10/2021)

Haruka akebono : « Au printemps, l’aurore ». Tous les Japonais connaissent l’ouverture de Makura no Sôshi (Les notes de chevet), fleuron de la littérature ancienne dû à une dame de la Cour en l’an mille. Avec l’autrice du Roman de Genji, Sei Shônagon est une des plus illustres parmi les grands écrivains du Japon.

Sei Shônagon évoque les paysages en mouvement, parcours du soleil, vol de lucioles ou d’oies sauvages, traînées de nuages et dresse des listes disparates : Choses qui rendent heureux ; Choses qui égayent le cœur ; Choses impatientantes ; Choses qui ne font que passer… Avec une infinie délicatesse et un soupçon d’espièglerie, elle saisit, attentive à leur impermanence, l’essence poétique des êtres et des choses. La dame d’honneur de l’Impératrice couche sur le papier à peu près tout ce qui lui passe par la tête au fil de sa pensée, « au courant du pinceau », sans ordre précis, fonctionnant par association d’idées et digressions, juxtaposant pensées et images dans un patchwork surréaliste. Acuité du regard, sens du détail, causticité adoucie d’humour et d’autodérision, esprit critique sans complaisance, finesse de ses remarques sur les relations amoureuses, liberté de mœurs, franchise font de Sei Shônagon une femme étonnamment moderne à nos yeux.

Un livre singulier, poétique, étrangement beau, d’une poignante mélancolie, pour tout dire délicieux.

PARIS-BRIANCON – PHILIPPE BESSON – JULLIARD (06/01/2021)

L’histoire d’une nuit dans un train couchette qui sillonne les territoires endormis. L’histoire de gens qui n’auraient jamais dû se rencontrer et qui à la faveur de ce huis clos imposé, nouent des liens, s’épanchent, s’échangent des mots et des secrets aussi, tentant d’échapper à leur solitude, leur mal-être, leur routine. « Un concours de circonstances, une somme de bifurcations, une succession de décisions, une profusion d’incidents ont fait que leurs existences ont soudainement concordé dans l’espace et dans le temps. »

Le lecteur sait d’emblée que certains passagers n’arriveront pas au terme du voyage alors il s’engage dans des suppositions, des supputations. Ce livre, un polar peut-être ? Le suspense s’installe et ne nous quitte plus.

Philippe Besson réussit à nous émouvoir par la plongée dans l’intimité de femmes et d’hommes apparemment sans histoires et pourtant pétris d’une insoupçonnable richesse. Il interroge la place de la fatalité, du hasard, des coïncidences dans nos vies quotidiennes si bien réglées, où tout va vite, où tout est prévu.

Un roman sobre, poignant, empreint d’une belle humanité.

MON MARI – MAUD VENTURA – L’ICONOCLASTE (18/08/2021)

Après quinze ans de vie commune, deux enfants sages, une grande maison, une belle réussite sociale, elle est toujours éperdument, follement amoureuse de son mari. Un amour exacerbé, exclusif, obsessionnel, maladif et profondément égoïste. A l’exception de « mon mari », dénomination répétée à l’infini, rien n’a d’importance à ses yeux. Aussi, sa plus grande hantise est de perdre ce mari si précieux pour lequel elle se doit d’être la plus parfaite, la plus belle et la plus désirable des épouses. Elle traque les moindres gestes de son mari en quête de signes, même les plus ténus, de désamour. Et rien ne lui échappe. Du lundi au dimanche, elle tient un journal de bord dans lequel elle consigne les moindres « fautes » de son mari et les « peines » à lui infliger allant jusqu’à lui tendre, avec un machiavélisme assumé, des pièges. Cette passion amoureuse dévorante, cette volonté de contrôle absolu, cette dépendance affective aliénante conduit l’héroïne jusqu’aux confins de la folie. La tension monte au fil des pages jusqu’à l’épilogue inattendu.

Une plume acidulée, acérée, inédite. Un premier roman original, décalé, dérangeant d’une drôlerie grinçante, plaisant même si on peut regretter le caractère un peu répétitif des récriminations obsessionnelles de l’épouse. Vitaminé et vintage comme la couverture !

LA BIBLIOMULE DE CORDOUE – WILFRID LUPANO ET LEONARD CHEMINEAU – DARGAUD (24/11/2021)

Califat d’Al Andalus, Espagne, 976. La paix, la culture et la science règnent sur le Califat depuis de nombreuses années, Cordoue est devenue la capitale occidentale du savoir. Un des vizirs, Amir, prend le pouvoir. Pour obtenir le soutien des religieux radicaux, il accepte de voir brûler les 400 000 livres de la bibliothèque de Cordoue. La veille de ce terrible autodafé, Tarid, eunuque grassouillet, responsable de la bibliothèque, réunit le plus possible de livres et en (sur)charge une mule récalcitrante. Il entreprend de traverser presque toute l’Espagne dans l’espoir de sauver un peu du savoir universel. Lubna, une jeune copiste noire et Marwan, un voleur au grand cœur, l’accompagnent dans cette aventure. Ils ne tardent pas à être poursuivis par des mercenaires berbères.

L’auteur nous offre, sous forme d’une fable savoureuse et burlesque, une leçon d’histoire sur une période assez méconnue, rendant hommage à la civilisation de l’islam. Les héros modestes et attachants réalisent de grandes choses malgré leurs moyens dérisoires. Beaucoup d’humour, de passion, d’intelligence, de références culturelles dans cette épopée rocambolesque dénonçant l’obscurantisme. L’objet-livre, en lui-même, est superbe ainsi que les images lumineuses et colorées, la mise en page dynamique nous entraîne dans la fuite des trois héros (sans compter la mule). Un magnifique roman graphique alliant avec brio divertissement et réflexion. Un vrai coup de cœur !

ELLE ET SON CHAT – MAKOTO SHINKAI – NARUKI NAGAKAWA – CHARLESTON (12/10/2021)

Une courte critique pour un court roman choral où femmes et félins, habitant le même quartier de Tokyo, se croisent au fil des saisons, fraternisent et finissent par entremêler leurs vies. Bon, il y a un chien aussi.

C’est joli, poétique. Dans un style délicat et épuré, ça parle de la solitude, de la fragilité de la vie et de son charme aussi. Léger, évanescent. Trop peut-être ?

Mon Katulu de décembre

L’AGNEAU DES NEIGES – DIMITRI BORTNOKOV – PAYOT ET RIVAGES (18/08/2021)

Si vous recherchez un roman feel good, alors passez vite votre chemin. L’auteur brosse le portrait lumineux d’une jeune infirme, Maria, née au lendemain de la Révolution russe, au bord de la mer Blanche (une partie de l’océan arctique). Au fil des années, ballotée de région en région à travers l’Union soviétique, elle s’illustre par un courage hors du commun jusqu’à se sacrifier pour protéger de la faim et de la mort douze orphelins dont elle a la charge. Maria au cœur pur, Maria au pied bot, avance, inaltérable, malgré l’horreur qui se déchaîne autour d’elle, entre autres atrocités, l’holdomor, extermination par la faim qui décime des millions d’Ukrainiens puis les 900 jours du siège de Leningrad, faim encore, froid et bombardements incessants.

Un récit poignant, difficilement soutenable parfois mais une écriture empreinte de lyrisme, de poésie, de tendresse aussi qui emporte tout sur son passage et laisse le lecteur envoûté, sidéré. Un très beau roman dans lequel j’ai retrouvé les émotions éprouvées devant le film L’ombre de Staline de Agnieszka Holland.

« Ça a commencé dans le Nord. Quand les derniers blizzards arrivent. Grands blizzards… Quand le vent se cabre et passe dans la forêt, galope sur les cimes des sapins géants et que les bouleaux se mettent en transe, se penchent, se balancent comme des moines en prière, et l’esprit souffle hou ou ou hou ou sur la glace marbrée de la Dvina. »

L’AFFAIRE ARNOLFINIJEAN-PHILIPPE POSTEL – ACTES SUD (30/03/2016)

Le portrait dit des Époux Arnolfini a été peint par Jan Van Eyck en 1434. Comme beaucoup d’autres curieux, j’ai été intriguée depuis longtemps par ce tableau énigmatique sur lequel nombre de spécialistes se sont penchés et qui a déjà fait couler beaucoup d’encre. Eh bien, ce petit livre a répondu à mes attentes. Touche après touche, l’auteur décrypte les leurres et les symboles semés par l’artiste sur la toile sous forme d’un roman policier à énigmes. L’histoire se tisse alors de manière évidente pour peu qu’on se laisse convaincre.

Un petit essai brillant, accessible tout autant qu’érudit, un éclairage ludique, une investigation passionnante et originale.

OU VIVAIENT LES GENS HEUREUX – JOYCE MAYNARD – PHILIPPE REY (19/08/2021)

Une maison, une ancienne ferme pleine de charme à l’ombre d’un grand frêne, dans la campagne du New Hampshire. Un cocon douillet pour abriter l’amour d’un couple ayant donné naissance à trois enfants vifs et espiègles. Aujourd’hui d’âge mûr, Eleanor, la mère, se remémore son parcours d’enfant solitaire, d’adolescente abusée, d’épouse et de mère comblée jusqu’au jour où…

Tradition familiale, à chaque printemps, parents et enfants laissent aller au fil du courant de petits bonhommes-bouchons ballotés par les eaux de la cascade, cruelle métaphore du destin des personnages de ce roman.

Une chronique familiale douce-amère avec ses bonheurs, ses drames, ses trahisons, des années 70 à nos jours, avec en fil de trame l’histoire des États-Unis. Un dense et magnifique roman sur des tourments intimes qui sonnent terriblement justes et rendent bouleversant le chemin qui conduit à demander et à accorder pardon.

IDAHO – EMILY RUSKOVICH- GALLMEISTER (03/05/2018)

Encore raté pour le roman feel good ! Celui-ci est triste, grave. Il parle d’amour mais surtout de mort, de chagrin, de pertes. Il envoûte sans nul doute.

Idaho, 1995. Par une chaude journée d’août, dans la clairière d’une forêt de bouleaux égayée par un ruisseau, un drame inconcevable détruit à tout jamais la famille de Wade. Quelques neuf années plus tard, Ann, sa seconde épouse, obsédée par le passé d’un mari dont la mémoire se délite peu à peu car victime d’une démence précoce, est déterminée à comprendre ce qui est arrivé à la première épouse de celui-ci et à ses deux fillettes.

Emily Ruskovich nous entraîne sur les chemins tortueux et imprévisibles d’une mémoire arrimée à un passé qui s’effiloche. Puzzle éclaté sur fond de drame familial, Idaho alterne personnages, époques et destins au gré d’allers-retours entre 1973 et 2025 pas toujours faciles à suivre. Les protagonistes se débattent dans un combat dérisoire, accablés par les événements, écrasés par la nature grandiose et implacable qui les entoure mais illuminés par une profonde humanité. Ni jugement, ni explications psychologiques, l’autrice nous livre à la complexité de ses personnages, grattant jusqu’à l’os leurs sentiments les plus intimes, tout en faisant la part belle à la faune et la flore de l’Idaho.

Un roman dense, troublant, obsédant servi par une écriture intense, ciselée, sensuelle. La lecture d’Idaho laisse tant de questions sans réponses qu’elle imprime un souvenir fort. Une magnifique découverte.

DICTIONNAIRE AMOUREUX DU POLAR – PIERRE LEMAITRE – PLON (22/10/2020)

Une somme de 800 pages, un immense travail nourri de milliers de lectures. L’auteur ne prétend ni à l’objectivité, ni à l’exhaustivité ce qui, en fait, est bien le propre d’un dictionnaire amoureux. La plume est alerte, caustique parfois, l’écriture savoureuse et non dénuée d’humour. J’ai pris plaisir à retrouver des auteurs et des livres que je connaissais déjà, j’ai aussi énormément appris (et hélas déjà presque tout oublié) mais surtout j’ai eu envie de découvrir auteurs ou ouvrages dont j’ignorais jusqu’alors l’existence. Et voilà comment une P.A.L devient un Everest !

Un livre qui se picore au gré des envies avec délectation.

LES ENQUÊTES DE MISS MERKEL – MEURTRE D’UN BARON ALLEMAND – DAVID SAFIER – CITY ÉDITIONS (27/10/2021)

Allez, un peu de légèreté ! Angela Merkel vient de prendre sa retraite dans un petit village de la campagne allemande en ex-R.D.A. Son quotidien ? De grandes balades dans la nature avec son chien Poutine et la confection de pâtisseries appétissantes. Mais quand son voisin, le baron Von Baugenwitz est retrouvé mort empoisonné et étouffé, Angela reconvertie en détective amateur mène l’enquête avec courage et pugnacité.

Un polar sans prétention, une parodie humoristique des enquêtes à l’ancienne, pimenté de multiples allusions à l’actualité politique mondiale où l’on ressent l’affection porté par l’auteur à son héroïne.

LE CHAT DU BIBLIOTHÉCAIRE – SUCCÈS MORTEL – MIRANDA JONES – J’AI LU (10/11/2021)

A Athéna, dans le Mississippi, un bibliothécaire joue au détective amateur accompagné de son chat, un magnifique Maine coon. J’espérais retrouver l’ambiance originale et humoristique des romans de Lilian Jackson Braun dans lesquels Koko, un chat siamois mène l’enquête. Me voilà bien déçue. Ici, le félin se contente de faire de la figuration, les personnages sont peu fouillés, le style plat, le cadre à peine esquissé, l’intrigue pas vraiment haletante. L’auteur, Miranda James (un homme en fait) ne m’a pas convaincue.

Mon KATULU de novembre

MON MAITRE ET VAINQUEURFRANCOIS-HENRI DESERABLEGALLIMARD (19/08/2021)

De vous à moi, c’est incroyable le nombre de personnages de roman qui s’adonnent à l’adultère ! C’est encore le cas dans ce roman de François-Henri Désérable qui nous conte avec une maîtrise stylistique remarquable, l’amour fou de Vasco pour Tina. L’auteur reprend avec virtuosité le triangle amoureux (une femme, son futur mari, son amant) et joue avec les références littéraires de la passion. Rimbaud et Verlaine, Baudelaire, Stendhal et tant d’autres sont convoqués dans cette épopée érudite tout autant que savoureuse et piquante. Le livre qui en résulte, original, facétieux, spirituel nous entraîne de digressions en digressions dans un tourbillon burlesque jubilatoire. Un très bon roman donc mais, je ne sais pas, j’ai ressenti un peu trop l’application du bon élève, pour adhérer complètement.

Ce livre a reçu le grand prix de l’Académie française 2021.

BEAUX JOURS – JOYCE CAROL OATES – PHILIPPE REY (14/10/2021)

Onze nouvelles oppressantes, une écriture aiguisée, une prose d’une riche sensualité, des références littéraires, picturales, scientifiques pour mieux s’introduire dans l’intimité ravagée de personnages en quête d’amour et de reconnaissance. Les diverses histoires de Beaux jours (allusion à un tableau de Balthus) explorent les vies intérieures les plus secrètes et méconnues de protagonistes qui affirment leur indépendance dans des actes de défi audacieux et souvent irrévocables. Je suis une lectrice inconditionnelle de Joyce Carol Oates, l’une des grandes figures de la littérature américaine contemporaine mais je dois avouer que si je me suis délectée de certaines de ces nouvelles, en fait toute la première partie, d’autres me sont restées complètement absconses. N’y aurait-il vraiment que moi à n’avoir rien compris à Donald Barthelme sauvé de l’oubli ?

SANS PASSER PAR LA CASE DÉPART – CAMILLA LACKBERG – ACTES SUD (06/10/2021)

Archipel de Stockholm, réveillon de la Saint-Sylvestre, quatre jeunes de la bourgeoisie huppée suédoise, sont réunis pour fêter la nouvelle année. Ces lycéens, pas forcément très sympathiques, entretiennent des relations complexes amicales et familiales. Au cours de la soirée, dans un jeu d’action-vérité, vont se révéler les expériences traumatisantes qui ont dévasté leur jeune existence. Camilla Läckberg sait créer un climat de tension délétère jusqu’au dénouement tragique et lapidaire.

Un très (trop) court roman qui répond aux attentes sans toutefois égaler les premiers livres de l’auteur autrement plus travaillés et plus addictifs. Le tournant pris depuis La cage dorée de décrire les travers de la bonne société suédoise me satisfait moins. Qu’on me redonne Erika Falk et la petite ville de Fjällbacka !

LE VOYAGE DANS L’EST – CHRISTINE ANGOT – FLAMMARION (18/08/2021)

Christine a treize ans quand elle rencontre enfin son père, elle brûle de faire la connaissance de cet homme cultivé, de belle prestance dont elle pourrait être fière. Hélas ce dernier ne lui accordera jamais son statut de « fille » et la soumettra à un odieux inceste qu’il n’avouera jamais et qui perdurera de nombreuses années. Se dégager de cette emprise sera un combat long et douloureux.

Christine Angot analyse avec beaucoup de subtilité les ressorts de l’inceste, elle nous confronte à l’indicible en ayant la force et le courage de le mettre en mots. Des mots directs, crus, explicites laissant le lecteur éprouvé. Un récit sobre et violent qui ne peut laisser indifférent.

Le prix Médicis a été attribué à l’autrice pour ce roman.

SUR l’ILE NOIRE – SONIA DELZONGLE – PAULSEN (09/09/2021)

En une fin d’automne brumeuse et ventée à souhait, Sonia Delzongle nous entraîne en terres écossaises afin d’y saisir l’esprit des Highlands. Elle se livre à une enquête autour de Nessie et s’interroge sur les répercussions du mythe sur la région. Rencontres étonnantes, recherches documentaires, légendes jalonnent ce récit de voyage en eaux troubles, celles du Loch Ness. L’autrice nous berce d’une écriture simple et belle, poétique même, mêlant réflexions, rêveries, pensées et descriptions. Je pensais adorer ce livre qui, d’ailleurs, bénéficie d’excellentes critiques, mais sa lecture a été plaisante sans plus.

TANT QUE LE CAFÉ EST ENCORE CHAUD – TOSHIKAZU KAWAGUCHI – ALBIN MICHEL (29/09/2021)

A Tokyo, chez Funiculi Funicula, petit bistrot désuet en sous-sol, il se raconte qu’en dégustant un certain petit café, on peut retourner dans le passé ou s’offrir une incursion dans le futur. Toutefois, ce voyage comporte des règles : il ne changera pas le présent et durera tant que le café est encore chaud. Quatre femmes vont vivre cette singulière expérience, toutes quatre portées par des raisons différentes mais confrontées à des moments de crise dans leur vie.

Une écriture simple et directe, une douce histoire tout en délicatesse, des personnages attachants, une incursion du fantastique dans une histoire moderne nous apportent le plaisir fugace d’un petit café léger. Un agréable moment de lecture, un moment suspendu non dénué d’émotion mais cela sans égaler le charme habituel de la littérature nipponne, celle de Aki Shimazaki par exemple.

LES GRANDES OUBLIÉES – TITIOU LECOQ – ICONOCLASTE (09/09/2021)

A chaque époque, des femmes ont agi, dirigé, créé, gouverné mais elles n’apparaissent pas dans les livres d’histoire. L’autrice passe au crible les découvertes les plus récentes, analyse les mécanismes de la domination masculine et présente quelques vies de femmes oubliées, omises, effacées, spoliées. Au passage, elle n’hésite pas à bousculer quelques idées reçues : pendant la période de la Renaissance, par exemple, saluée dans les manuels pour sa fécondité artistique et son renouveau, les femmes ont vu nombre de leurs droits restreints par rapport à la période précédente du Moyen-Age. Si le texte est érudit, le ton est dynamique, mordant, plein d’humour et de passion. A mon avis, un incontournable de la rentrée littéraire qui se dévore avec délectation.

LA FOLIE DES FOULES – LOUISE PENNY – FLAMMARION QUEBEC (02/11/2021)

Où je retrouve avec autant de plaisir l’inspecteur Armand Gamache (tome 17 quand même !) et les sympathiques habitants de Three Pines, village improbable du Québec, entre Noël et le jour de l’An. Pendant que tout un chacun profite des réjouissances hivernales, le chef des homicides de la Sûreté du Québec doit assurer, à son corps défendant, lors d’une conférence, la sécurité d’une professeure de statistiques prônant des idées qui suscitent des réactions indignées. Bien évidemment, un meurtre s’en suit.

Un bon polar un rien philosophique, dur et dérangeant parsemé de savoureuses expressions québécoises un peu déconcertantes parfois.

Mon KATULU d’octobre

LA OU SONT LES OISEAUX – MAREN UTHAUG GALLMEISTER (07/10/2021)

Comme moi, vous rêvez de la Norvège, sa nature grandiose, ses fjords emblématiques flanqués de maisons joliment colorées, eh bien, oubliez ! Nous sommes bien en Norvège pourtant, là où se dresse le phare de Kjeungskaer. Coupés du monde, les habitants de cette contrée soumise aux lois d’une nature pas vraiment bienveillante, vivent dans un profond isolement propre à libérer la folie et les pulsions brutales de chacun. Les révélations s’esquissent, les secrets se dévoilent peu à peu rythmant un récit d’un naturalisme échevelé à la temporalité lente. Un puzzle tragique se construit inexorablement devant nos yeux ébahis. Un roman sombre, dérangeant que je ne suis pas prête d’oublier.

LE FILS DE L’HOMME – JEAN BAPTISTE DEL AMO GALLIMARD (19/08/2021)

Bon, ce livre-là non plus n’est pas une tendre bluette. Tout d’abord, un style, une écriture magnifique, un déferlement de mots riches, intenses, une précision de botaniste, d’entomologiste. Ensuite, après une scène inaugurale inattendue, une histoire déroutante, tragique où les personnages restent anonymes, murés dans le silence. Le père entraîne le fils et la mère aux Roches, une vieille maison délabrée, isolée au sein d’une nature sauvage, toute puissante. Hanté par son passé, rongé par la jalousie, comme son père avant lui, le père sombre peu à peu dans la folie et agit avec une violence glaçante. L’angoisse s’installe à pas feutrés. L’atmosphère n’est pas sans rappeler celle de Shining et le cauchemar que Jack Torrance fait vivre à sa famille. Un roman bouleversant, un immense talent d’écrivain.

FEU – MARIA POURCHET – FAYARD (18/08/2021)

Encore une histoire d’adultère ! Oui mais… L’histoire d’une rencontre inattendue entre deux personnes qui n’ont en commun que l’ennui et la monotonie de leur existence, l’histoire d’une épouse et d’une mère qui ne revit que grâce à cet adultère, l’histoire d’une passion amoureuse incandescente. Un roman alerte et brillant au ton direct, caustique, une écriture hachée et décousue, déconcertante, une plume saccadée, épurée, un cynisme ravageur, corrosif. Un peu déroutée au départ par le style mais finalement j’aime.

UN TESSON D’ETERNITE – VALÉRIE TONG CUONG J.C LATTES (18/08/2021)

L’implosion d’une famille de la bonne bourgeoisie après l’arrestation et l’incarcération du fils. Le portrait émouvant, intense d’une femme qui doute, qui se bat, se débat comme une mouche prise dans une toile d’araignée mais comme une lionne aussi. Les traumatismes d’une enfance sacrifiée, un passé lourd et violent mis à nu. Un roman d’une belle complexité, subtil, une plume impeccable jusqu’à la fin en tout point remarquable, une lecture addictive.

LE VOYANT D’ETAMPES – ABEL QUENTIN – L’OBSERVATOIRE (18/08/2021)

Universitaire de gauche, alcoolique et fraîchement retraité, Jean Roscoff se lance dans l’écriture d’un essai sur un poète américain méconnu. Mal lui en prend. Une tempête s’abat sur sa tête lorsqu’un blogueur l’accuse de racisme déclenchant une véritable vindicte sur les réseaux sociaux. Son crime ? Avoir minoré la couleur de peau du poète au profit de son appartenance au parti communiste. A-t-on le droit d’écrire sur un homme noir quand on est blanc ? Avec dérision, humour acide, Abel Quentin s’empare d’un brûlot contemporain, le retour en force d’un certain puritanisme appliqué à la pensée. Je me suis franchement régalée du portrait de cet anti-héros, de ce livre enjoué et intelligent mettant en lumière, avec causticité, les ressorts de la nouvelle pensée « woke ».

L’auteur vient d’être récompensé par le prix de Flore.

REINVENTER L’AMOUR – MONA CHOLLET – ZONES (16/09/2021)

La journaliste et essayiste analyse comment la culture patriarcale gangrène les relations amoureuses et sexuelles entre hommes et femmes et s’attaque aux mécanismes de domination les irriguant. Touffu, érudit mais abordable, salutaire et convaincant. Malgré tout, j’ai trouvé cet essai moins novateur, à l’exception du dernier chapitre sur les fantasmes, que son précédent ouvrage « Sorcières » que j’avais dévoré.

ET AUSSI :

EN EAUX DANGEREUSES – DONNA LEON (15/09/2021)

A lire non pas pour l’intrigue mais pour le talent de conteuse de Donna Leon et son regard unique sur Venise. Quand même, le récit ronronne doucement, sans doute accablé, comme le commissaire Brunetti, par la chaleur de la Sérénissime. Pas le meilleur opus de la série.

BRAS DE FER et LA PAIX DES MENAGES – M.C BEATON (29/09/2021)

Retrouvé Hamish Macbeth, policier dans le petit village de Lochdubh, au beau milieu des Highlands en Ecosse. Nonchalant et flegmatique, c’est en se fiant à ses intuitions qu’il mène à bien ses enquêtes. Juste pour le plaisir de prendre un high tea et un fish and chips avec les personnages. Drôle et divertissant.

La flibuste est (déjà) de retour !

Un bon mois d’absence ! Bien occupé à retrouver des amis, retourner avec bonheur au spectacle, à peindre, bricoler, jardiner, vagabonder, rêvasser au soleil et apprivoiser un, puis deux, puis trois chats errants, tous identiques… Sans le moindre succès à ce jour !

aussi à créer aussi un nouveau site consacré au Qi Gong, une pratique qui me tient à cœur. Pour les curieux : https://lescinqsaisonsduqigong.wordpress.com

Après cette petite parenthèse, l’envie d’écrire et de vous retrouver m’est revenue. Sous une nouvelle forme toutefois. Je serai moins présente (objectif : passer moins de temps devant mon ordinateur et plus de temps dans la vraie vie !) mais vous proposerai chaque mois une rétrospective des livres que j’ai lus. Des critiques moins fouillées mais un ton différent plus personnel même si …

… il est toujours un peu délicat de donner un avis forcément subjectif sur une lecture. Le travail des écrivains est éminemment respectable et j’ai beaucoup de scrupules à le dévaloriser d’une manière ou d’une autre. Je serais tout aussi désolée d’avoir déçu les attentes d’un lecteur alléché par un de mes coups de cœur que d’avoir découragé un lecteur potentiel par une mauvaise critique. Bref, pour toutes ces raisons, les coups de griffe seront exceptionnels.

En fait, il est très rare qu’une lecture me déçoive. Les années passant, un certain sentiment d’urgence m’incite à lire « à coup sûr » alors je me dirige vers des livres que je suis presque certaine d’apprécier, des livres dont la lecture me démange et dont j’ai souvent déjà lu quelques critiques. Ce choix très raisonnable et peu original, je vous l’accorde, me prive sans aucun doute de jolies découvertes ! C’est tant pis pour moi.

Quelles sont les raisons qui me poussent à apprécier un roman ? Parfois, il lui suffit d’être un dérivatif à mes soucis, un moyen de m’évader du quotidien, un de ces livres gourmandise vite lu, vite oublié mais qui néanmoins me procure un plaisir que je ne renie pas. Dans cette catégorie, les polars, les gentils polars un peu british, un peu désuets ou les plus sombres polars nordiques. Sinon, un univers narratif riche, une atmosphère, des personnages complexes qui évoluent au fil des pages, une intrigue surprenante, une construction originale, un style, une écriture, une langue musicale sont pour moi les gages d’un bon bouquin. A la vérité, je ne dédaigne pas prendre une claque, littéraire s’entend, être dérangée, époustouflée, remise en question par le sujet, le style… Et puis ce petit plus que je serais bien en peine d’expliquer et qui rend ce livre-ci inoubliable contrairement à celui-là qui pourtant ne manque pas de qualités.

Inoubliable pour moi mais peut-être pas pour vous. Aussi, mon avis, mon ressenti plutôt, tracé dans le sable est à prendre avec distance et légèreté. Il correspond à mon état d’esprit, mes attentes, mes préoccupations au moment de ma lecture. Peut-être un autre jour aurait-il été bien différent ?

Malgré ces mises en garde, vous avez envie de découvrir mes dernières lectures ? Alors, je vous donne rendez-vous pour mon KATULU d’octobre. Je vous en souhaite bonne découverte.

A plus …

Après une année d’existence, une centaine d’articles dont soixante consacrés à la critique de romans La flibuste des rêveurs jette l’ancre pour un temps.

Tout au long de cette année, j’ai pris beaucoup de plaisir à alimenter ce site. Beaucoup de temps aussi et, parfois, au détriment d’autres activités qui me tiennent à cœur, mes pinceaux se sont desséchés, ma guitare empoussiérée et j’ai décidément passé trop de temps devant mon ordinateur.

Un merci chaleureux à tous mes abonné(e)s, à mes lectrices et lecteurs fidèles qui se reconnaîtront, à celles et ceux qui ont pris un peu de temps pour me laisser un commentaire ou se sont laissé(e)s convaincre de découvrir un roman dont j’avais parlé avec enthousiasme.

En attendant mon retour, si vous voulez vous tenir au courant de l’actualité littéraire, de nombreux autres blogs n’attendent que votre visite. Pour la qualité de l’écriture et le choix des romans chroniqués, je vous recommande celui-ci : https://pamolico.wordpress.com

Je n’ai pas peint le premier tableau mais les autres si !