Editeur : Actes Sud (03/03/2021) 230 pages
Roman choral retraçant une fresque familiale et interrogeant entre autres les notions de racisme et de féminisme.
L’auteure franco-canadienne brosse le parcours d’une famille américaine aisée, privilégiée, éduquée, sur trois générations et déroule les fils inattendus qui relient cette famille aux pages les plus sombres de l’Histoire moderne (holocauste, traites négrières, 11 septembre, guerre d’Irak) dans un véritable tourbillon entre passé et présent. Les chapitres se succèdent faisant alterner lieux, dates et personnages sans souci de chronologie de 1945 à 2016, de Manhattan à Boston, de Long Island au Bronx, de Nairobi à Ouagadougou… Nancy Huston entremêle les voix des trois personnages principaux, Joël issu d’une famille juive tchèque réfugiée aux États-Unis, professeur d’anthropologie, Lili Rose, WASP du New Hampshire, brillante mais perturbée par son passé d’enfant abusé et enfin Shayna, métisse confrontée à la douloureuse conscience d’elle-même et en quête de ses origines. L’auteure donne la libre parole à toutes et tous au risque de choquer, de polémiquer. Elle emploie le « tu » pour le récit de la vie de Shayna entremêlé aux deux autres. Avec pour objectif pour l’auteure de se préserver de toute accusation d’appropriation culturelle ? Nancy Huston dénonce (entre autres) l’esclavage moderne, l’oppression qui a toujours cours des « Beiges » sur les « Marrons » (termes constamment employés par l’auteure).
Le titre Arbre de l’oubli fait référence à un arbre symbole d’un trésor mémoriel situé à Ouidah au Bénin. Hommes et femmes béninois lui confiaient leurs souvenirs du continent africain au moment d’être emmenés comme esclaves.
Nancy Huston ouvre des débats complexes autour d’une histoire familiale. Elle interroge les traumatismes dont on a hérité et les violences que la vie inflige, abordant les questions et les contradictions liées au féminisme, à la procréation pour autrui, au racisme, à la laïcité. Un roman très actuel qui interpelle et donne à réfléchir, étayé par de nombreuses références littéraires, philosophiques, historiques…
« Un matin, alors que vous sirotez côte à côte votre jus de pomme pendant la récré, Felisa te lance : C’est vrai que Joël Rabentstein l’anthropologue c’est ton papa ?
C’est vrai.
Et ta maman c’est une sœur de couleur ?
Non… ça t’étonne, hein ?
Un silence long et doux s’installe entre vous, au cours duquel le vent d’automne fait danser vos écharpes et arrache quelques feuilles aux arbres de la cour. »
La flibuste des rêveurs 
L’emploi du « tu » m’a aussi fait me demander si elle voulait échapper à toute accusation d’appropriation culturelle… mais contrairement à toi cette lecture l’a dérangée par ses parallèlew trop faciles et trop tranchés, trop virulents. Quant au style, je ne lui ai rien trouvé d’extraordinaire mais bon, tout est histoire de ressentis !
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Merci pour ton commentaire intéressant. De façon générale, j’aime beaucoup Nancy Huston et j’ai lu son livre avec beaucoup de plaisir mais c’est vrai que quelque part la lecture de ce roman est dérangeante. Pour ma part, il m’a permis de m’interroger et de me remettre en question… J’ai du mal encore avec tous ces débats actuels sur l’intersectionnalité, le genre. Alors, je cogite !
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Je t’en prie ! C’est vrai que la réflexion qu’il implique n’est pas inintéressante, mais bon, peut être un peu exagérée… à mon sens, ce sont des débats qui impliquent un peu plus de finesse, voilà tout. Maintenant je vais aller lire ton commentaire sur ma critique !
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