Le fleuve des rois – Taylor Brown

Éditeur : Albin Michel (12/05/2021) – Traducteur : Laurent Boscq (464 pages)

Une épopée intense et généreuse, flamboyante.

L’Altamaha River, fleuve sauvage de Géorgie, un cours d’eau à nul autre pareil par la richesse de ses légendes, est au centre du récit. C’est sur ses berges qu’aurait été établi l’un des premiers forts européens du continent américain et dans son lit qu’une créature monstrueuse vivrait tapie. Nous parcourons avec l’auteur le fleuve tortueux, ses méandres, ses vasières, ses îles, ses marécages, sa forêt luxuriante au cours de trois époques différentes qui alternent et se répondent en écho.

La plus récente, contemporaine, met aux prises deux frères qui descendent en kayak le cours du fleuve afin de répandre dans l’océan les cendres de leur père et peut-être résoudre l’énigme de sa mort. Ce lent voyage au fil de l’eau, âpre et dur, leur permettra de se retrouver au-delà de leurs différences.

La deuxième période est consacrée à la vie aventureuse de ce père, rude et violent, à son attachement viscéral au fleuve qui, seul, lui procure joies et déboires et dans les eaux duquel il périra dans des conditions qui restent mystérieuses.

Enfin, la troisième nous plonge dans un passé plus lointain, lors de l’installation de colons huguenots français en Floride (Nouvelle France) en 1564. Cette épopée tragique, sauvage et sanguinaire parfois, nous est contée par Jacques Le Moyne de Morgues, cartographe et illustrateur dont des reproductions de dessins émaillent d’ailleurs le récit.

Les chapitres de ce roman, ambitieux sur le fond comme sur la forme, alternent d’une histoire à l’autre sans jamais dérouter le lecteur ni le lasser. Une écriture magnifique, acérée, brutale et triviale parfois, sert un récit pétri d’aventures, de souffle, de violence où se côtoient le tragique et le sublime. Nature et trajectoires humaines s’imbriquent inextricablement dans un récit foisonnant qui nous offre quelques moments de grâce.

Le fleuve des rois est à l’évidence un grand roman aux qualités indéniables, qui ne saurait laisser indifférent. Si je l’ai lu avec plaisir, il est cependant trop éloigné de mes préférences littéraires pour m’avoir réellement enthousiasmée.

« Le Moyne accourut juste à temps pour apercevoir une nuée sifflante de martinets qui annonçait la terre. La Florida était en vue. La côte ne ressemblait à aucune de celles qu’il connaissait. La mer s’enfonçait à l’intérieur des terres par un dédale d’anses, de rias, de fleuves et de ruisseaux qui fracturaient le rivage en une myriade d’îlots, chaque langue de terrain semblant protégée par des roseaux dressés comme des lames. »

2 réflexions sur “Le fleuve des rois – Taylor Brown

  1. J’essaie parfois de sortir de ma zone de confort, j’aimerais tant partager l’enthousiasme d’autres lecteurs mais, tout en me rendant compte que j’ai dans les mains un excellent roman, je reste détachée. Je termine à l’instant « Autoportrait de Calcutta » et l’expérience est identique. Allez, je retourne à mes amours littéraires !

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